désenchantement du monde et épistémologie des sciences sociales.

Le point de départ : désenchantement du monde et épistémologie des sciences sociales.

Influencé par les évènements traversant l'Europe en général et l'Allemagne de manière particulière, Weber s'est intéressé à l'image de sociologues classiques, aux caractéristiques et aux effets des deux révolutions qui ont marqué la fin du 18ème siècle.

La société occidentale moderne émergente s'est caractérisée, entre autres, par la montée de l'individualisme et de la rationalisation croissante, et loin d'être holiste ou déterministe, Weber a constaté que le processus de rationalisation que connait la civilisation occidentale, n'est pas toujours un progrès, et la rationalité peut désenchanter le monde moderne, où la science et la technique vont dévaluer le sacré et le surnaturel , en laissant l'homme seul affronter la vie quotidienne.( Pierre Bréchon : les grands courants de la sociologie, PUG, p 75).

Weber a remis en cause la contradiction entre ce désenchantement et le fait que tout n'est pas rationnel dans le monde contemporain. Il reste de l'irrationalité qui est indépassable, comme l'explique Bréchon dans son livre. Du coup, Weber dégage quatre sources d'irrationalité chez les hommes, à savoir :

  • Le fait que l'homme est doté d'effectivité, il n'est jamais complètement rationnel ;

  • Il existe une part de hasard et d'imprévisibilité dans les relations individuelles ;

  • L'influence des valeurs sur les comportements des hommes, et Weber nous parle d'une sorte d' rrationalité « éthique du monde » ;

  • « Le paradoxe des conséquences », quoiqu'il en soit de la rationalité d'agir chez les acteurs, ils ne peuvent pas toujours prévoir toutes les conséquences de ses différentes actions

De l'épistémologie des sciences sociales, dites sciences de la culture, et de l'anti-positivisme chez Weber :

Alors que la science d'Emile Durkheim s'enracine dans le positivisme naturaliste propre au 19ème siècle, la réflexion de Weber s'inscrit dans un autre registre justifiée par la situation en Allemagne avec tous les bouleversements intellectuels, ou se rencontrent l'économie politique, l'histoire, et la philosophie.

Si Emile Durkheim a trouvé son modèle dans le point de vue expérimental des sciences de la nature, Weber était guidé par la thématique des sciences dites de la culture afin de trouver son chemin à ses thématiques privilégiées : (source :Karl. M. Van Meter : la sociologie, Larousse, 1997, p325)

  • Le statut de la connaissance dans les disciplines historiques et sociales,

  • La recherche des concepts fondamentaux,

  • Le problème de la neutralité du savant face à l'engagement du politique,

Dans « les grands courants de la sociologie pp 76-77 », l'auteur nous explique la position épistémologique de Weber, que les différentes sciences adoptent des points de vue spécifiques sur le réel. Et par conséquent, on ne peut concevoir un système unifié des sciences, une hiérarchie des sciences comme le croyait. Pour Weber :

  • Chaque science pour repose sur des présupposés spécifiques et un système d'hypothèses.

  • Ceci dit que chaque science est autonome et aucune ne sert véritablement de modèles aux autres

  • Alors on ne peut jamais construire les sciences sociales sur le modèle des sciences de la nature.

Quant aux différences entre la deux catégories de sciences, les sciences de la nature d'un côté, et les sciences sociales ou de la culture, Weber partage sous réserves l'idée de certains en Allemagne ayant estimé que la différence porte surtout sur l'aspect méthodologique, alors que lesdites sciences de la nature sont classées « nomothétiques », dont l'objectif est la recherches des lois générales, de leur côté, les sciences de la culture ou sociales, sont classées « idiographiques »,visant l'analyse des phénomènes dans leur singularité

La réserve de Weber porte sur le fait de considérer la méthode idiographique propre aux sciences sociales, et estime que cette méthode peut être utilisée par les deux catégories de sciences, de la nature et de la culture, et de même pour la méthode nomothétique.

Weber explique qu'il faut chercher dans l'objet d'étude des sciences de la culture et non pas dans les méthodes à appliquer. « Ces sciences ont un objet spécifique à savoir les activités de l'homme, et qui dit activité de l'homme, selon Weber, degré de liberté, non déterminisme, choix d'action en fonction des valeurs. » ( source : Pierre Bréchon, p 77). L'implication de l'homme dans ses activités lui rend l'objectivité une fin et objectif difficiles à atteindre.