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Cours 4
L’interculturel
Enseigner une langue est pensé dans son essence comme une activité culturelle. Enseigner une ou plusieurs langues, c’est éduquer à une diversité linguistique, et par là culturelle. De plus, l’éducation à la diversité linguistique et culturelle est une éducation au dialogue et à la tolérance, et favorise la communication interculturelle L’enseignement de la culture est nécessaire à l’apprentissage d’une langue, comme la connaissance de cette dernière est nécessaire à l’accès à la culture. C’est grâce à ce lien interculturel que les apprenants réalisent l’altérité comme une ouverture sur soi et sur autrui.
Dans une perspective interculturelle, l’enseignement d’une langue étrangère exige la prise en considération des éléments historiques, géographiques et ethniques. Il n’est plus possible que les élèves (apprenants) réfléchissent à leur « vivre ensemble » de manière « mono-culturelle ». On peut supposer incontournable qu’ils s’ouvrent aux autres, à l’altérité, au dialogue ; qu’ils s’intéressent aux métissages culturels et qu’ils comprennent que le monde dans lequel ils vivent est un monde à partager.
Parler de dimension culturelle dans l’enseignement d’une langue en général et d’une langue étrangère en particulier est un fait tout à fait conséquent puisque cette dimension est derrière toute pratique langagière. La relation langue-culture est si étroite qu’elle constitue les deux faces d’une même pièce, ou mieux, d’une même page. L’enseignement de la culture est sous-jacent à la pratique scolaire quotidienne de la langue cible.
La représentation que nous avons de celui qui parle la langue que nous avons à apprendre influence considérablement l’apprentissage. Il convient d’en prendre conscience et de développer des pistes pédagogiques dans ce sens.
La notion d’interculturalité renvoie davantage à une méthodologie, à des principes d’action, qu’à une théorie abstraite. C’est la raison pour laquelle je lui préfère approche interculturelle. L’idée fondamentale est de s’intéresser à ce qui se passe concrètement lors d’une interaction entre des interlocuteurs appartenant, au moins partiellement, à des communautés culturelles différentes, donc porteurs de schèmes culturels1 différents, même s’ils communiquent dans la même langue. Il s’agit alors de prévenir, d’identifier, de réguler les malentendus, les difficultés de la communication, dus à des décalages de schèmes interprétatifs, voire à des préjugés (stéréotypes, etc.). Dans ce cadre, on opte pour éthique personnelle et une déontologie professionnelle qui reconnaissent l’altérité, la différence, et qui l’intègrent dans les procédures d’enseignement, à la fois comme objet d’apprentissage et comme moyen de relation pédagogique. L’enseignement-apprentissage des langues et cultures « autres » (terme préféré à « étrangères », réducteur et connoté) se donne alors pour mission, au-delà de l’objet langue-culture lui-même, de participer à une éducation générale qui promeut le respect mutuel par la compréhension mutuelle.
La nécessité d’intégrer une forte dimension culturelle dans l’enseignement des langues est, depuis plusieurs décennies, largement acceptée. La finalité de cet enseignement est de rendre possible la communication active avec des locuteurs de la langue visée, et notamment dans leur contexte usuel (notamment dans un autre pays). C’est l’option dite « communicative », très majoritaire aujourd’hui. Or, il n’est pas possible de communiquer en situation de vie sans partager un certain nombre de connaissances et de pratiques culturelles. Toutes les méthodes ont donc développé cet aspect, de façons diverses, même si c’est souvent au titre réducteur de la « civilisation ». On peut y ajouter, de manière plus approfondie, que la langue est indissociable de la culture, car elles sont « les deux facettes d’une même médaille », comme disait E. Benveniste. En effet, toute langue véhicule et transmet, par l’arbitraire de son lexique, de sa syntaxe, de ses idiomatismes, les schèmes culturels du groupe qui la parle. Elle offre une « version du monde » spécifique, différente de celle offerte par une autre langue (d’où la non correspondance terme à terme de langues différentes). Inversement, toute culture régit les pratiques linguistiques, qu’il s’agisse par exemple de l’arrière-plan historique du lexique, des expressions, des genres discursifs ou qu’il s’agisse des conventions collectives d’usage de la langue (règles de prise de parole, énoncés ritualisés, connotations des variétés et « registres » de la langue, etc.).
Une culture est un ensemble de schèmes interprétatifs, c’est-à-dire un ensemble de données, de principes et de conventions qui guident les comportements des acteurs sociaux et qui constituent la grille d’analyse sur la base de laquelle ils interprètent les comportements d’autrui (comportement incluant les comportements verbaux, c’est-à-dire les pratiques linguistiques et les messages). Cette définition inclut la culture comme connaissance (les données) mais y ajoute une dimension concrète et active, en mettant l’accent sur la mise en œuvre de la culture lors des interactions.
Une identité (ici culturelle) est un sentiment d’appartenance collective (donc, d’appartenance à un groupe), conscient de la part de l’individu et du groupe, reconnu par le groupe et, de l’extérieur, par d’autres groupes (qui s’en distinguent alors). Il n’y a d’identité que souhaitée, acceptée, assumée. Une identité est un processus, en construction et en évolution constantes, toujours ouvert et adaptable, qui n’établit pas de frontière étanche entre les groupes, dont les caractéristiques identitaires (notamment culturelles) se recoupent en partie. Elle se manifeste par des indices emblématiques, notamment linguistiques, mais pas uniquement. Enfin, chaque individu et chaque groupe sont toujours porteurs d’appartenances multiples, d’identités multiples, qui se recoupent ou s’englobent partiellement, dans une ensemble complexe et nuancé.
Il n’y a pas nécessairement une correspondance exclusive et totale entre identité culturelle et identité linguistique, même si la plupart des différences culturelles se manifestent par des différences linguistiques (entre langues différentes ou variétés diverses d’une même langue).
la prise en compte de la composante culturelle dans l’enseignement des langues étrangères demeure un principe primordial de l’approche actionnelle car « Les langues sont un trésor et véhiculent autre chose que les mots. Leur fonction ne se limite pas au contact et à la communication. Elles constituent d’une part des marqueurs fondamentaux de l’identité, elles sont structurantes d’autre part de nos perspectives » (SERRE M., Atlas, Flammarion, Paris, 1996, P.112).
En somme, la présente problématique reste loin d’être close, cependant il est bien indispensable de noter que  l’enseignement d’une langue étrangère doit avoir pour but de former un citoyen du monde capable de s’intégrer aisément dans une société multiculturelle et multilingue, il est nécessaire de lui apprendre dès le jeune âge à relativiser ses valeurs et sa culture, lui apprendre à se décentrer afin de comprendre l’autre et cohabiter pacifiquement avec lui. Cette éducation interculturelle prend tout son sens dans l’ère de la mondialisation où l’éducation interculturelle devient la clé d’une coexistence pacifique entre les citoyens du monde.








Références :
Philippe Blanchet, L'approche interculturelle en didactique du FLE Cours d’UED de Didactique du Français Langue Étrangère de 3e année de Licences, 2004/2005
Nabila Hamidou , La dimension interculturelle dans l’enseignement/apprentissage du français en Algérie entre représentations et connaissances culturelles



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