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  • Dans sa constitution atypique, Internet, en tant que média, offre de nouveaux enjeux au secteur de la presse. D'une part, il sert d'interface pour la collecte, le traitement, l'analyse, la réalisation et la diffusion des informations sur un seul support. D'autre part, Internet représente un danger pour la presse traditionnelle en lui imposant une rivalité terrible sur la forme et le contenu. C'est-a-dire que sur le réseau d'Internet, à côté de la presse en ligne, circule une multitude d'informations qui ne relève pas du journalisme.

    Selon Michel Mathien (MATHIEN, 2003 : 6), l'arrivée des pratiques nouvelles dans le milieu journalistique répond à un besoin d'information et signe un véritable changement de fond. Nous constatons des divergences radicale dans l'interprétation de ce mouvement chez les spécialistes en SIC. James Curran explique que : « Le changement qui touche le journalisme est considéré comme un progrès continu vers des formes supérieures » (CURRAN, 2002 :134-154). Cet avis de l'école anglo-saxonne ne fait pas l'unanimité ; plusieurs professionnels se positionnent contre et considèrent que l'organisation actuelle de la presse électronique est le résultat apparent d'une rupture entre deux époques d'adaptation professionnelle. L'insertion de l'informatique et des nouveaux procédés scientifiques au sein de la presse traditionnelle a eu des effets rationnels sur l'évolution des pratiques rédactionnelles et des comportements sans véritablement la bouleverser. Malgré cette distanciation identitaire, il serait une erreur de distinguer ou de dissocier la presse classique de ce nouveau média. Yannick Estienne est l'un des premiers à défendre cette complémentarité entre les deux expériences : « Nous ne perdons donc pas de vue le fait que l'apparition et le développement de cette presse s'inscrit dans le cours de l'évolution des médias et ne marque pas une rupture décisive, comme certains le prétendent. Dans une certaine mesure, la presse en ligne conclut un cycle commencé, à la fin des années 1970, par la numérisation de la production et des contenus. Située au confluent des principales innovations technologiques, organisationnelles, économiques et éditoriales, elle constitue de fait un bon terrain d'observation des transformations que les médias ont connues ces dernières années » (ESTIENNE , 2007 : 57).

    Quoi qu'il en soit, à l'heure actuelle, le renversement des mémoires textuelles et des écritures dans l'univers numérique rend possible l'accès à toutes les constitutions du savoir. Dans ce cadre, les NTIC envahissent entièrement l'imaginaire collectif et individuel contemporain bien avant d'être un outil et un média solidement diffusé. Les recherches sur la presse en ligne baignent dans une idéologie parallèle aux progrès des nouvelles technologies d'information et de communication. La presse électronique est, désormais, proclamée comme un média au sens restreint du terme, et non pas un support technique pour la communication. Son dynamisme tient plus à son caractère de multimédia réunissant l'écrit, le son et l'image. De ce fait, quelques chercheurs, à l'instar d'Eric Maigret, Jean-Marie Charon, Nicolas Pélissier considèrent ce média comme un véritable super média, un ogre dévorant tous les autres intermédiaires de l'information. Par son universalité, sa flexibilité, ses modes de transmission et son faible coût d'utilisation, il serait ainsi appelé à devenir le média alternatif du futur.

    Tout l'enjeu de la pérennité du journalisme à l'ère numérique se situe dans la recherche d'un juste équilibre entre un journalisme à l'ancienne nourri d'enquêtes, de reportages et d'expertise, et les nouvelles pratiques apparues sur Internet : discussions et débats en ligne, proximité avec le lecteur, recommandations et interactions entre les sources d'information.