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    • Le cerveau en mode survie : réactions neurobiologiques au choc

      Lorsqu’un individu est confronté à un choc ou à un traumatisme, le cerveau active un mode survie, modulant l’activité de ses différents lobes pour prioriser la réaction immédiate au danger. Ces changements ne sont pas des dysfonctionnements, mais des adaptations neurobiologiques rapides qui permettent de maximiser les chances de survie.

      Le lobe frontal, siège de la planification, du raisonnement et du contrôle des impulsions, voit son activité se réduire temporairement. Cette inhibition du cortex préfrontal permet aux réactions instinctives, guidées par le système limbique, de prédominer. La réflexion consciente et l’inhibition des comportements sont alors moins sollicitées, ce qui favorise des réponses rapides et automatiques.

      Le lobe temporal, en particulier l’amygdale et l’hippocampe, joue un rôle central dans l’émotion et la mémoire. L’amygdale devient hyperactive, déclenchant des réponses de peur et une vigilance extrême. L’hippocampe, quant à lui, voit son fonctionnement ralenti, ce qui peut altérer la mémorisation chronologique des événements tout en conservant une trace émotionnelle très intense. Cette dissociation explique pourquoi un traumatisme peut être revécu sous forme de flashbacks ou d’hyperréactivité aux stimuli associés.

      Le lobe pariétal, responsable de l’intégration sensorielle et de la perception corporelle, devient hypersensible. Les signaux sensoriels sont amplifiés, entraînant parfois des sensations de flottement, d’engourdissement ou de dissociation corporelle. Cette hypervigilance permet de détecter rapidement les changements dans l’environnement immédiat.

      Le lobe occipital, chargé du traitement visuel, concentre l’attention sur les éléments pertinents pour la survie. L’individu focalise son regard sur la menace, au détriment des détails non essentiels, générant ce que l’on appelle une vision « tunnel ».

      Enfin, le tronc cérébral, qui régule les fonctions vitales automatiques, prépare le corps à l’action. La libération d’adrénaline et de cortisol entraîne une accélération du rythme cardiaque, une respiration rapide et une mobilisation maximale des ressources musculaires, permettant au corps de fuir, de se défendre ou de s’immobiliser face au danger.

      Ainsi, en mode survie, chaque lobe du cerveau adapte son fonctionnement pour favoriser la réponse la plus efficace au danger, au prix d’une inhibition temporaire des fonctions cognitives supérieures. Cette compréhension est essentielle pour les interventions en premiers secours psychologiques, car elle permet de décrypter les réactions immédiates des victimes et de leur apporter un soutien adapté.